Animation pour les écoles
Vacances d'apiculture

Actus

Stage d'apiculture en 2022

Les dates de nos stages d'apiculture sont sorties.

Comment les fourmis luttent contre les épidémies ?

Découvrez comment les fourmis luttent pour préserver leur population en cas d'épidémie.

A l'heure où nous écrivons cet article, l'humanité est en proie à l'épidémie de COVID-19 et cherche des solutions pour se sortir de cette situation. Parce que le biomimétisme devrait être un réflex naturel pour innover, surtout quand il y a peu d'autres solutions disponibles, nous avons tenu à faire ce petit recueil d'informations concernant la lutte contre les épidémies chez les fourmis.  

Pourquoi s'intéresser aux épidémies chez les fourmis ?

  • Fourmis
    Parce que les fourmis font partie des rares animaux eusociaux, c'est à dire ayant atteint un stade ultime de l'organisation sociétale, stade qu'elles expérimentent depuis bien plus longtemps que les humains (140 millions d'années contre moins de 3 millions pour les hominidés et moins de 200 ans pour notre société actuelle !). 
 
  • Parce que tout comme nous, et même bien plus, les fourmis vivent véritablement, les unes sur les autres, et leur densité peut atteindre des nombres extraordinaires. Ainsi, certaines colonies de fourmis coupeuses de feuilles du genre Atta (voir vidéo ci-dessous), peuvent être plusieurs dizaines de millions sur une surface et un volume de leur fourmilière équivalent à une salle de classe.  

 

  • Parce que les maladies existent chez les fourmis. La liste des maladies dont peuvent souffrir les fourmis est longue et encore très méconnue. On connait cependant de nombreuses infections, parasitiques (notamment à cause de certains mouches qui pondent dans leur corps), fongiques (champignons qui se développent dans leur corps...), bactériennes, et même des virus, dont certains, comme celui dit de la maladie noire, sont communs aux abeilles. 

 

  • Parce qu'elles ne disposent pas d'un arsenal en médicaments aussi développé que le nôtre. Certes certaines utilisent des résines, ou d'autres jus de plantes pour se soigner, mais cela reste plutôt de l'ordre du préventif que du curatif. 

 

  • Parce que leur mode de nourrissage implique un risque de diffusion énorme. En effet, comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessus en haut à gauche, la distribution de nourriture se fait de bouche à bouche dans un mécanisme appelé la trophallaxie. Les fourmis régurgitent le contenu de leur jabot social dans la bouche d'une de leur soeur pour distribuer la nourriture liquide dans toute la fourmilière. Imaginez ce qu'il se passerait chez les humains en cas de gastro-entérite, si nous faisions de même. 

 

  • Illustration de la densité possible de fourmis, ici avec des fourmis du genre Atta cephalotes :

 

 

La prévention de tous les instants :

 

- L'hygiène du logis : 

 

Aussi surprenant que cela puisse paraître, les fourmis possèdent des stratégies très évoluée pour se débarrasser de leurs déchets.

Tout d'abord, elles ne laissent jamais aucun déchet dans leur fourmilière, elles les évacuent à l'extérieur. Ensuite, elles ne posent pas ces déchets n'importe où et surtout pas sur un lieu de passage des fourmis. Ainsi, elles constituent ni plus ni moins qu'une déchetterie.

C'est une technique efficace pour se prémunir de certaines mycoses et de proliférations d'acariens ou de bactéries néfastes.

Outre les déchets, les déjections ne sont pas non plus laissées dans le nid, elles sont soit sorties par des ouvrières nourrices ou nettoyeuses, soit ce sont les fourmis elles mêmes qui se rendent à l'extérieur ou dans une pièce dédiée. Et oui, les fourmis ont aussi des toilettes ! Ce comportement se retrouve chez les abeilles qui ajoutent à cela l'usage de propolis, une résine aux vertus désinfectantes pour la ruche. 

- Le choix de la nourriture : 

Les fourmis savent très bien repérer la nourriture avariée pour eux et ne pas la consommer. Ainsi, en élevage en laboratoire, on constate par exemple que de l'eau sucrée présente depuis trop longtemps dans l'abreuvoir, sera boudée par les fourmis.

Certaines comme les coupeuses de feuilles, ont poussé cet art beaucoup plus loin, puisqu'elles sont capables de choisir les plantes qui seront nourricières pour leur champignon symbiotique et de refuser celles qui seraient dangereuses pour celui-ci.

- L'hygiène personnelle : 

Nettoyage fourmisSi les fourmis ne se lavent pas les mains, parce qu'elles n'en ont pas, elles se lavent cependant très fréquemment, un organe très important chez elles, leurs antennes (comme vous pouvez le voir sur la photo ci-contre).

Mais elles vont bien au delà des antennes et se lavent littéralement tout le corps. Pour se nettoyer, la plupart des espèces possèdent une sécrétion issue d'une glande spéciale située au milieu de leur corps appelée glande métapleurale. Cette sécrétion est un antifongique, antibactérien et un virucide naturel.

Ainsi, on peut dire que les fourmis fabriquent elles même un équivalent de gel hydroalcoolique et passent leur journée à se l'étaler sur tout leur corps.

Certains disent des fourmis que ce sont les animaux les plus propres au monde car leur surface est indemne de bactéries, ce qui n'est pas le cas de notre peau !   
 

Comment font elles face aux épidémies qui se développent ? 

Comme nous l'avons vu, et malgré les mesures de prévention, il arrive que des épidémies se développent dans la fourmilière, des chercheurs ont montré que les fourmis réagissent alors par plusieurs mesures (voir liens vers des articles de vulgarisation ou scientifiques ci-dessous). 

Couvain fourmis

1) Détecter très précocemment les individus malades

C'est la grande clé de leur organisation face aux épidémies, la détection précoce. Pour cela, elles sont là aussi dotée d'une arme redoutable, leurs antennes. Pour simplifier, on pourrait dire que chaque individu malade, modifie légèrement son odeur, et est immédiatement identifié par les antennes de ses congénères. A noter que c'est aussi de cette façon que les fourmis identifient les cadavres, et tous les déchets dans leur fourmilière. 

2) Cloisonner la fourmilière. 

Une étude menée chez la simple fourmis des jardins, présente partout en France, a montré que dès que la colonie détecte la présence d'une épidémie, la fourmilière se divisent littéralement en deux populations qu'on pourrait classer en 2 catégories : 

- la population indispensable à la survie de la société : la reine, le couvain (oeufs, larves), et les nourrices gorgées de réserves pour plusieurs jours ou semaines. C'est en effet grâce à ces castes de fourmis que la fourmilière pourra perdurer dans le temps puisque c'est elle qui assure les naissances. 

- la population moins indispensable : Elle se constitue des fourmis plus âgées, qui sont destinées aux travaux extérieurs, aux travaux dans la déchetterie et dont l'exposition aux prédateurs fait que leur espérance de vie est de toutes façons très courte et ne dépasse pas quelques jours. Dès qu'une fourmi est détectée porteuse de la maladie, elle est rejetée dans la population moins indispensable et dédiée aux travaux extérieurs pour les quelques jours qui lui restent à vivre. 

Ce qui est extraordinaire dans cette réaction, c'est que ces deux populations s'isolent littéralement et évitent soigneusement le contact. La population indispensable est alors confinée dans le nid, tandis que l'autre est à l'extérieur.

Au delà de toute considération éthique, et de toute transposition à l'homme, force est de constater que c'est une technique très efficace car la population infectée (non indispensable), diminue très rapidement et disparaît en quelques jours, alors que la population indispensable est préservée et permettra un nouveau départ de la colonie quand l'épidémie aura disparu. 

CONCLUSION : 

L'objet de cet article n'est bien entendu pas de considérer les fourmis comme un modèle absolu pour les humains, chaque espèce ayant son organisation et ses facultés propres. Par ailleurs, l'eugénisme dont font preuves les fourmis en cas d'épidémie n'est ni possible, ni souhaitable chez les humains.  

Cependant, nous pouvons peut être nous inspirer de quelques caractéristiques de leur prophylaxie (= méthodes mises en oeuvre pour lutter contre les maladies) qu'on pourrait résumer ainsi :  

- une excellente hygiène individuelle et collective. 

- une préservation de leur environnement et une grande exigence sur le choix de leur nourriture. 

- une détection ultra rapide des épidémies et des individus atteints. 

- une identification des individus et des rôles clés qui permettent la survie de la colonie sur le long terme. 

- un confinement sélectif, des outils de réserve de nourriture et de protection pour sauvegarder à tout prix ces individus clés et ne pas mettre en danger la pérennité de la colonie et de leur espèce. 

Enfin, rappelons que ces mesures et bien au-delà, toute l'organisation sociale des fourmis, a permis à ces animaux de vivre sur terre depuis 140 millions d'années, et d'atteindre une biomasse (poids total de tous les individus), encore aujourd'hui proche de celle de tous les humains sur terre... 

 

Quelques liens utiles : 

https://www.numerama.com/sciences/442741-les-fourmis-peuvent-nous-apprendre-comment-eviter-les-epidemies.html

https://science.sciencemag.org/content/362/6417/941

https://ist.ac.at/en/news/for-ants-unity-is-strength-and-health/

https://www.20minutes.fr/sciences/2382819-20181128-fourmis-savent-eviter-propagation-epidemie-selon-etude

https://www.20minutes.fr/sciences/2217343-20180208-antibiotiques-fourmis-pourraient-aider-developper-nouveaux-medicaments